Margo Channing. E->

English translation below.

''Eve, Eve, Eve, cette jeune fille si jeune et si parfaite, cette petite vermine...Je connaissais tous les dialogues par coeur et me pâmais à chaque fois devant le jeu exact des acteurs. J'aurais voulu être Addison DeWitt. Je n'avais qu'un identique fume-cigarette à la main pour seule ressemblance. Sa classe aristocratique si typiquement anglaise et ses critiques des plus violentes ou des plus élogieuses m'eussent collées à la peau à merveille. Je pouvais être aussi Bill, ou Lloyd Richards. Je préférais incarner à l'écran le charme de ce dernier. Hugh Marlowe m'était irrésistible mais je n'avais pas son physique de jeune premier anglo-saxon. Femme, j'aurais bien évidemment été Margo. Margo Channing née star, qui n'est, et ne sera, jamais rien d'autre et jamais moins qu'une vraie star. Mais je pouvais être aussi Karen, fidèle et dévouée épouse à son mari dialoguiste new-yorkais couronné de succès, bourgeoise intelligente et espiègle dans le monde du théâtre qu'elle observait à distance en étant plein dedans. Bien sûr, j'aurais pu être aussi cette petite vermine de Eve. Assassine égoïste, égocentrique et menteuse et prêtre à tout et d'avantage pour piquer sans scrupules ni vergogne la place des autres pour obtenir son Oscar. J'aurais pu être aussi Phoebe même si son apparition au final était brève. Et faire les yeux doux à Addison pour à mon tour piquer la place de Eve et recommencer l'histoire qui nous avait été racontée sur elle. All about Eve. On en savait tout.
J'aurais donné dix ans de ma vie pour décrocher un rôle dans ce film. Avec l'exacte précision à interpréter les riches textes mordants et grinçants de la première scène à la dernière. Et l'excellence qui atteignait sans relâche les sommets de la perfection du jeu des acteurs. Ils connaissaient tant comme Joseph L. Mankiewicz ce qu'était un artiste des Arts de la scène, ses angoisses et ses ambitions. Sa vie interne et externe et sa vie de pute emportées dans les méandres du show-business. Ils connaissaient aussi tout de leurs fans et d'avantage; des délinquants juvéniles et des détectives mentaux. Public de personne, ils n'assistaient jamais assez longtemps à une pièce de théâtre ou à un film pour savoir qui était vraiment qui. C'est ce que pensait Margo. Et Birdie sa confidente et domestique lui donnait bien raison. Comme donnait raison Karen à Eve pour être d'accord avec elle sur Bill le metteur en scène, qui aurait approuvé sans hésitation ses dires du fait qu'il était le meilleur si il avait entendu ses élogieux commentaires de petite garce. Ils connaissaient tous les fils à tirer du panier de crabe pour en tenir le haut. Et avec quel brio! Sans foi ni loi mais toujours sous de bonnes manières, ils voulaient tous être le number one. Ce que je n'avais jamais été et comprenais si bien de mes insuffisances à ne pas l'être devenu. Oui, j'aurais voulu être Addison DeWitt. À observer avec cynisme et insolent recul ce monde dans lequel il était entièrement plongé dès la naissance. Son monde. Un monde qui méprisait l'humanité avec l'incapacité d'aimer et d'être aimé et l'insatiable ambition à être de son talent consacré. Eve méritait d'appartenir à son critique. Ils avaient ce mépris en commun pensait-il. Je n'avais pas eu ce talent là. Et moi de commun, vivais chaque ligne du script avec mes tripes, tout personnage confondu. Margo nous avait prévenu. Il fallait accrocher sa ceinture. Ça allait être une nuit chaotique. Et c'en fut une.''

''Eve, Eve, Eve, that young girl, so young and so fair, that little verm...I knew all the dialogues by heart as well as each actor's step. I would have loved being Addison DeWitt. I only had a similar cigarette-holder in my hand for all resemblance. His so typical English aristocratic looks as well as his bitter and violent or most praising critics would have perfectly suited me. I could also have been Bill, or Lloyd Richards though I preferred to incarnate Hugh Marlowe's irresistible beauty on the screen, but the physical was missing. As a woman, I would by all means have been Margo. Margo Channing, who was, is, and always will be nothing more or anything less than a pure star. I could also have been Karen, a faithful and devoted spouse to her notorious and successful new-yorker script-writer husband. One intelligent and mischievous upper class housewife living from a distance the Theater world which she was fully entering. Of course, I could have also been the little vermin that was Eve. An egoistic and egocentric killer, a liar up to anything and more in order to get with no scruples or shame the Oscar she wanted. I also could have been Phoebe even though the scene at the finale was short, but it would have allowed me to seduce Addison to finally hit my turn to take over Eve's life to start again the story whose all about had been revealed. All about Eve. We knew everything about her.

I would have given ten years of my life to play a part in this movie. With the exact precision to perform the rich biting and scratching texts of the script from the beginning to the end of it with the excellence that reached the highest peaks of perfection in all actors' performances. They knew all about what a performing artist is. They knew his anxieties and ambitions. They knew all about his inner and external life and his life of a whore that the winding roads of show-business were sweeping away in their waves. They all knew like Joseph L. Mankiewicz about Performing Arts. They also all knew about their fans being nothing else but juvenile delinquents and mental detectives. They were nobody's audience and never had seen a play or a movie long enough to study a character deep inside to know who really was who. That what Margo thought. And Birdie her maid and confident agreed with her. Just the way Karen agreed with Eve on Bill's behalf to the fact that he was the greatest stage director of all times and that he would have gladly taken for granted this compliment of being the best if he had heard it. They all knew so well this micro world of worms to hold themselves to the top of it to stay there. No matter the codes and values that it took to get rid of with good manners, they all wanted to be number one. That what I had never been, and I could understand so well from them all the lacks of mine that had been missing not to ever become -that number one. Indeed, I would have liked to be Addison DeWitt. Watching from a cynical and insolent distance this world he was born into and ever since living in. His World. A world of contempt for humanity with an inability to love or be loved with on top of that an insatiable ambition,- and talent to kill them all with. The world of Eve too. They deserved each other so he thought. They both had in common that same contempt. And as for me in common with them, I was living every single line of the script with my guts no matter the character involved. Margo had warned us. We had to fasten our seat belt. It was about to be a bumpy night. And it was. ''